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À qui irons-nous ? Des anglicans du Sud rejettent le leadership de Canterbury

Après la décision « disqualifiante » de l’Église d’Angleterre de bénir des mariages entre personnes du même sexe, un rassemblement d’anglicans conservateurs se prépare pour avril.
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À qui irons-nous ? Des anglicans du Sud rejettent le leadership de Canterbury
Image: Gareth Fuller/PA Wire/AP
Des évêques anglicans du monde entier à la conférence de Lambeth en 2022.

Lorsque les anglicans conservateurs du monde entier se réuniront le mois prochain au Rwanda, ils pourraient commencer à envisager un nouveau cadre de leadership en réponse à la récente décision de l’Église d’Angleterre d’autoriser son clergé à bénir les mariages entre personnes du même sexe.

Cette décision à propos de ces bénédictions, un compromis conclu lors du synode général de l’Église d’Angleterre en février, a poussé les évêques représentant la majorité des anglicans du monde à menacer de rompre avec l’Église mère de leur communion.

« L’Église d’Angleterre s’est écartée de la foi historique transmise par les apôtres » et « s’est disqualifiée pour diriger la Communion [anglicane mondiale] en tant qu’Église “mère” historique », selon une déclaration approuvée par 12 archevêques alignés sur la Global South Fellowship of Anglican Churches (GSFA — « Communauté des Églises anglicanes du Sud »).

Ces évêques représentent des anglicans d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. L’un des membres du groupe, l’archevêque Foley Beach, fait lui partie des anglicans conservateurs d’Amérique du Nord qui ont rompu avec l’Église épiscopalienne, plus libérale.

« Même si les primats de la GSFA souhaitent préserver l’unité de l’Église visible et le tissu de la Communion anglicane, notre vocation à être un “saint reste” ne nous permet pas d’être “en communion” avec les provinces qui se sont éloignées de la foi historique et ont emprunté la voie de faux enseignements », a déclaré le GSFA, faisant notamment référence à l’approbation du mariage homosexuel.

L’Église d’Angleterre refuse toujours de célébrer des cérémonies pour des couples de même sexe et maintient que le mariage est une union à vie entre un homme et une femme, mais elle a maintenant choisi d’autoriser le clergé à proposer des prières et des liturgies lors de mariages civils. Lors du synode du mois dernier, l’Église d’Angleterre a également déclaré qu’elle se repentait de son incapacité à « accueillir les personnes LGBTQI+ et des préjudices que ces personnes ont subis et continuent de subir dans les Églises ».

Cette décision pourrait aggraver les dissensions déjà importantes au sein de la Communion anglicane, qui compte environ 85 millions de fidèles répartis dans 165 pays.

La GSFA n’est pas la seule à dénoncer les orientations prises par l’Église d’Angleterre. Des primats anglicans du Nigeria et d’Asie, ainsi que des conservateurs d’Amérique du Nord et d’Angleterre, se sont également opposés à cette évolution. Bien que certaines de ces querelles théologiques et éthiques au sein de la Communion anglicane remontent aux années 1970, des observateurs anglicans estiment que la tension actuelle pourrait conduire à une réorientation décisive du centre de gravité de la Communion vers le sud, où les anglicans sont plus nombreux et plus conservateurs.

Il y a cent ans, plus des trois quarts des anglicans du monde résidaient en Grande-Bretagne, selon le Pew Research Center, mais aujourd’hui, la plupart des anglicans se trouvent en Afrique.

La Communion anglicane comprend plus de 40 provinces et Églises autonomes à travers le monde, chacune ayant son propre évêque. Être « en communion » les uns avec les autres implique un accord mutuel sur les doctrines clés et l’accueil des anglicans d’autres Églises et provinces pour la participation aux sacrements. L’actuel archevêque de Canterbury, Justin Welby, est considéré comme le « premier parmi ses pairs » parmi les évêques anglicans.

La GSFA estime que cela pourrait changer. Les évêques du Sud ne sont « plus en mesure de reconnaître » Justin Welby comme « premier parmi ses pairs », ont-ils déclaré, parce qu’il a conduit le synode général de son Église à prendre des décisions « contraires à la foi et à l’ordre des provinces orthodoxes de la Communion, dont les membres constituent la majorité du troupeau mondial ».

Le GAFCON, un mouvement international d’anglicans conservateurs, partage ce sentiment. « Il est temps que le Primat de toute l’Angleterre se retire de son rôle de “premier parmi ses pairs” dans la direction de la Communion anglicane », a déclaré le mouvement dans un communiqué du 9 février rédigé par Foley Beach, président du Conseil des primats du GAFCON. « Il est maintenant temps pour les primats de la Communion anglicane de choisir eux-mêmes leur “premier parmi ses pairs”. »

« À qui irons-nous ? » Tel est le thème choisi par le GAFCON pour sa réunion du 17 au 21 avril au Rwanda. Le mouvement était déjà en désaccord avec les autres Églises anglicanes qui reconnaissent les mariages civils de couples de même sexe, notamment l’Église épiscopalienne d’Amérique, l’Église anglicane du Canada et l’Église épiscopalienne écossaise.

La plus grande Église anglicane du monde, l’Église du Nigeria, semble prête à accueillir favorablement tout changement de leadership au sein de la Communion.

« L’Église anglicane est au seuil d’une nouvelle réforme », a déclaré l’archevêque nigérian Henry Ndukuba dans un communiqué du 12 février, « qui doit balayer les dirigeants impies qui approuvent actuellement le péché, désorientent la vie des anglicans fidèles dans le monde entier et mettent en péril leurs espoirs d’éternité. »

Certaines communautés anglicanes anglaises sont également déçues par l’Église d’Angleterre. Fin février, les évêques de l’Église d’Angleterre ont rencontré entre 150 et 200 membres du clergé, dont beaucoup étaient préoccupés par l’approbation par le synode général de la bénédiction des mariages entre personnes de même sexe rapportait le Church Times.

L’Église anglicane d’Asie du Sud-Est s’est également opposée à la dernière décision de l’Église d’Angleterre concernant les mariages homosexuels, mais restera pour l’instant en communion avec l’Église mère historique.

« Malgré nos graves réserves concernant la décision de l’Église d’Angleterre, nous pensons que l’unité de la communion anglicane ne doit pas être abandonnée à la légère », ont déclaré les évêques de Singapour, de Malaisie occidentale, de Sabah et de Kuching dans une lettre pastorale datée du 18 février. « Nous resterons donc en communion avec l’Église d’Angleterre, tout en priant avec ferveur pour elle et en défendant hardiment la vérité de Dieu. »

Pour sa part, Justin Welby a semblé ouvert à un changement dans la structure du pouvoir anglican lors d’un discours prononcé le 12 février au Ghana.

« Je ne m’accrocherai pas à ma place ou à ma position en tant qu’outil de notre communion », a-t-il déclaré en faisant référence aux structures de direction qui maintiennent la cohésion de la Communion anglicane mondiale. « Le rôle de l’archevêque de Canterbury, le siège de Canterbury, est quelque chose d’historique. Les outils doivent évoluer avec le temps. »

David Roach est journaliste indépendant pour CT et pasteur de l’Église baptiste de Shiloh à Saraland, en Alabama.

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[ This article is also available in English. See all of our French (Français) coverage. ]

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