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Neuf ans et 782 000 mots plus tard, une jeune Américaine termine une Bible écrite à la main

Le projet de Caroline Campbell vise à inciter les chrétiens à étudier les Écritures et à considérer le handicap comme un cadeau pour l’Église.
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Neuf ans et 782 000 mots plus tard, une jeune Américaine termine une Bible écrite à la main

Kenny Campbell faisait un peu de ménage de printemps quand il a trouvé une pile de papiers avec l’écriture de sa fille Caroline. Il a feuilleté les pages et a réalisé qu’elles avaient quelque chose de spécial. Il s’agissait de versets bibliques, copiés à la main.

Les Campbell fréquentent une Église évangélique dans le comté de Beaufort, en Caroline du Sud, et leur fille adolescente, atteinte de trisomie 21, notait les versets sur lesquels leur pasteur prêchait. Celui-ci, Carl Broggi emploie la méthode de la prédication textuelle, enseignant la Bible verset par verset ; Caroline avait enregistré ces versets de sa propre main.

« C’est incroyable, Caroline, tout ce que tu as écrit », lui a dit Kenny.

Dans l’élan, il a lancé l’idée qu’elle pourrait copier toute la Bible. « Oui, d’accord », a répondu Caroline.

Ces deux mots ont donné le coup d’envoi à un projet de neuf ans. De janvier 2012 à juin 2021, Caroline, qui a aujourd’hui 28 ans, a copié la Bible entière à la main. Elle a commencé par la Genèse et s’est frayé un chemin jusqu’à l’Apocalypse, en écrivant les 782 815 mots de sa Bible (une NASB de 1973, en anglais). Jennifer, la mère de Caroline, estime que le manuscrit terminé compte plus de 10 000 pages, regroupées dans 43 classeurs.

Une fois qu’elle a commencé, dit Caroline, elle ne s’est plus arrêtée. Elle a persévéré par amour pour la Bible et par désir d’encourager les autres. « Je veux encourager les gens à étudier la Bible », nous a-t-elle déclaré.

Kenny et Jennifer disent que cela a été une expérience-clé de leur parcours en tant que parents d’une fille atteinte du syndrome de Down. Ils ont dû apprendre à ne pas lui imposer de limites. Lorsque leur fille a été diagnostiquée, ils étaient très inquiets. Mais ils ont rapidement décidé de la traiter comme n’importe quel autre enfant. Et c’est ainsi qu'ils ont découvert qu'elle pouvait à l'occasion les époustoufler par ses extraordinaires manières d’être différente.

Bethany McKinney Fox, pasteure de l’Église Beloved Everybody Church à Los Angeles et auteure de Disability and the Way of Jesus (« Le handicap et la voie de Jésus »), affirme que la Bible de Caroline est un bon exemple des différentes manières dont les gens se connectent à Dieu.

Dans de nombreuses Églises aujourd’hui, dit-elle, où la plupart des gens ont des capacités intellectuelles ou physiques semblables, les formes d’adoration sont sensiblement les mêmes. Le fait d’avoir dans la communauté des personnes ayant des cerveaux et des corps différents peut favoriser un environnement ouvert à une plus grande diversité dans la manière de rendre un culte.

Elle explique : « Cela vous invite à explorer différentes façons de vous connecter à Dieu, et je pense que c'est vraiment utile ». « Nous sommes clairement appelés à suivre Dieu de tout notre être. Jésus n’a pas dit aux pêcheurs : “Tenez, lisez ce livre, croyez à ces choses et tout ira bien”. Il leur a dit : “Prenez ce que vous êtes, et suivez-moi” ».

L’Église que sert Bethany McKinney Fox, Beloved Everybody, se décrit comme « une communauté de personnes avec ou sans handicap intellectuel, développemental ou autre, ayant un désir commun de suivre Jésus, dans un contexte où tous participent aux décisions et aux actions ». Elle encourage toutes les Églises à être plus ouvertes à l’idée de faire de personnes comme Caroline des membres à part entière de leur congrégation.

Le pasteur Broggi est d’accord : « Nous sommes si fiers de Caroline. Elle est un grand témoignage pour notre Église et pour le Seigneur ». « Caroline a été une source d’inspiration pour de nombreuses personnes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de notre congrégation. »

Caroline est bénévole pour l’accueil dans son Église et rend régulièrement visite aux fidèles qui se trouvent dans des maisons de retraite. L’Église a organisé une fête pour elle en juin, lorsqu’elle a fini de copier l’Apocalypse, qui, comme Caroline peut vous le dire de mémoire, compte 22 chapitres.

Au fil des ans, lorsqu’elle terminait chacun des 66 livres de la Bible, Caroline annonçait fièrement le nombre de chapitres du livre. La Genèse en compte 50. Le Lévitique, 27. Le plus long et le plus difficile était les Psaumes, avec 150 chapitres, dit-elle. Elle a mémorisé le nombre de chacun d’entre eux. « Mon livre préféré est Esther », dit-elle.

Même si le projet s’est étalé sur de nombreux chapitres et années, Caroline n’a jamais envisagé d’abandonner. Elle consacrait environ deux heures par jour à la transcription et continuait quel que soit l’endroit où elle se trouvait un jour donné. Parfois, elle était à la maison. Parfois, elle était avec ses parents sur un terrain de golf. Jour après jour, elle dévorait les mots : « C’était incroyable de la voir faire », dit Kenny. « On ne s’ennuyait jamais à l’entendre dire où elle en était ou ce qu’elle faisait. Il n’y avait pas besoin d’encouragement pour la faire avancer ».

Inspiré par sa dévotion pour les Écritures, Kenny essayait parfois de lire le livre de la Bible sur lequel Caroline travaillait. Le plus souvent, elle était plus rapide que lui.

Au fil des ans, les Campbell se sont émerveillés de voir Caroline exceller dans sa vie. Dans les premières années, Norma, la mère maintenant décédée de Jennifer, leur a apporté une aide inestimable. Enseignante à la retraite, elle consacrait des heures à Caroline, lui apprenant à jouer du piano, à faire du vélo et à écrire. « Elle a joué un rôle déterminant dans tant de choses que Caroline fait aujourd’hui », dit Kenny. « Ce que nous voyons est un rappel constant de tous les efforts qu’elle a investis en Caroline avec tant d’amour ».

Jennifer dit que lorsqu’elle voit sa fille, elle se rappelle régulièrement les fruits de l’Esprit. Caroline peut détecter la souffrance des gens, et lorsqu’elle sait que quelqu’un a perdu un être cher, elle prend le temps d’écrire à la main le Psaume 23 pour l’offrir à la personne.

Il y a quelques années, elle a obtenu un emploi chez Zaxby’s, une chaîne de sandwiches au poulet, et Caroline s’y est fait remarquer pour sa joie. Hillis Murray, propriétaire de la franchise locale, a déclaré qu’il avait su que Caroline était spéciale dès leur première rencontre, lorsque Caroline s’est présentée pour un entretien d’embauche : « Je suis sorti de cette réunion en me disant : “Cette fille est une étoile” », a déclaré Murray dans une vidéo publiée pour rendre hommage à Caroline. « Sa personnalité rayonne. C’est une véritable étoile, et cette étoile est radieuse. Son attitude rend la nôtre meilleure. »

Si heureux que les Campbell soient de voir Caroline réussir dans son travail ou exceller dans son bénévolat à l’Église, ils se réjouissent surtout de voir comment elle vit sa foi. Kenny et Jennifer estiment qu’ils ont fait de leur mieux pour enseigner à Caroline le plus normalement possible qui est Dieu et comment il nous sauve : « L’Évangile est assez direct et simple à comprendre — la mort, le tombeau et la résurrection. Elle a appris à connaître cette vérité », dit Kenny.

« C’est ça », commente Caroline.

Depuis que sa Bible manuscrite a attiré l’attention des médias, Caroline est heureuse d’apprendre qu’elle a inspiré d’autres personnes à aimer les Écritures comme elle. Elle a récemment reçu une lettre d’un étudiant en théologie à l’autre bout du pays disant qu’il allait lui aussi commencer à écrire la Bible à la main.

Kenny et Jennifer espèrent également que cela encouragera les familles et les Églises à s’ouvrir davantage aux personnes en situation de handicap.

« Souvent, les gens se concentrent sur le négatif et non sur le positif », dit Kenny. « Ils ne réalisent pas que c’est un cadeau que Dieu leur fait. »

Traduit par Simon Fournier

Révisé par Léo Lehmann

[ This article is also available in English. See all of our French (Français) coverage. ]

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