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Malgré les assauts de dimanche, les Églises ukrainiennes persévèrent

On parle de David près du fleuve Dniepr et des pasteurs russes appellent à la paix depuis Moscou.
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Malgré les assauts de dimanche, les Églises ukrainiennes persévèrent
Image: Chris McGrath / Getty Images
La cathédrale Saint-Volodymyr se détache de l’horizon de la capitale pendant le couvre-feu du week-end, le 27 février à Kiev, en Ukraine.

Alors que les troupes russes rencontrent une résistance plus forte que prévu de la part des soldats et des citoyens ukrainiens à Kiev et dans d’autres villes, les pasteurs des deux nations ont adapté les célébrations dominicales en conséquence de la situation.

« Toute l’Église s’est mise à genoux pour prier pour notre président, pour notre pays et pour la paix », rapporte Vadym Kulynchenko à propos de son Église de Kamyanka, à 230 km au sud de la capitale. « Après le culte, nous avons proposé une formation aux premiers secours ».

Un temps a été consacré au partage de témoignages de ces pénibles journées de raids aériens. De nombreux psaumes ont été rappelés, et le message de Kulynchenko était centré sur Proverbes 29.25 : « C’est un piège que de trembler devant les hommes, mais se confier en l’Éternel procure la sécurité ».

À la chapelle du Calvaire de Svitlovodsk, vie ordinaire et chaos de la guerre se côtoient. Andrey et Nadya, déplacés de Kiev par les tirs de missiles russes jeudi, ont échangé leurs vœux de mariage et célébré une grande fête.

Le couple devait se marier ce week-end dans la capitale, mais il a dû trouver refuge dans l’église natale de Nadya, située à 300 km au sud-est, le long du fleuve Dniepr, pour célébrer un mariage à l’improviste.

« En plein milieu d’une guerre ? Quel sens cela a-t-il ? » a interrogé le missionnaire américain Benjamin Morrison. « C’est pendant la guerre que ça a le plus de sens. Quel meilleur rappel que la guerre ne peut pas détruire l’amour ? Et quelle meilleure façon de dire que nous servons un Roi placé au-dessus de tout cela que de se réjouir au milieu du chaos ? ». Le mariage a eu lieu samedi, comme prévu.

Dimanche, la communauté d’environ 80 personnes — qui commence tout juste à accueillir de nouveaux arrivants en quête de refuge — s’est rassemblée pour écouter un sermon sur David et Goliath.

« Oui, David a dû se battre. Oui, c’était difficile et effrayant, mais Dieu était son assurance », a conclu Morrison, engagé depuis 20 ans dans le pays et marié à une Ukrainienne. « Qu’il soit aussi la nôtre, et qu’il coupe la tête de l’ennemi ».

Dimanche 27 février, l’Ukraine affirmait que plus de 4300 soldats russes avaient été tués. La Russie n’a pas publié de chiffre officiel concernant ses pertes.

En ce qui concerne ses propres pertes, le ministère ukrainien de la Santé recensait dimanche soir plus de 350 morts et près de 1 700 blessés. Ce décompte combinerait les pertes civiles et militaires, mais distingue 14 enfants morts et 116 blessés.

Taras Dyatlik, directeur régional de la mission Overseas Council en Europe de l’Est et en Asie centrale, en a tiré le calcul suivant : en trois jours de combats, 40 soldats russes sont morts toutes les heures ; un soldat toutes les minutes et demie.

« Ce sont pour la plupart des enfants de 19 à 25 ans », déplore-t-il. « La profondeur de nos brisures humaines ne peut être guérie que par l’Esprit saint ».

Le métropolite Epiphanius, chef de l’Église orthodoxe d’Ukraine, indépendante de Moscou,, a plaidé en faveur de ces morts auprès du patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe, basé à Moscou.

« Si vous ne pouvez pas élever la voix contre cette agression », a-t-il déclaré, « récupérez au moins les corps des soldats russes dont la vie a été sacrifiée pour les idées que vous et votre président vous faites du “monde russe”. »

Avant la guerre, le président Vladimir Poutine affirmait que l’Ukraine n’était qu’une extension de la Russie, sans existence historique indépendante. Selon Epiphanius, le gouvernement ukrainien a cherché à se coordonner avec le Comité international de la Croix-Rouge pour rapatrier les cadavres, mais n’a reçu aucune réponse de la Russie.

Kirill est dans une situation délicate car les croyants sous son autorité se trouvent de part et d’autre de la frontière. En 2019, le patriarche œcuménique de l’Église orthodoxe basé à Istanbul a reconnu l’indépendance de l’Église « orthodoxe d’Ukraine », tandis que de nombreuses paroisses en Ukraine ont rejeté cette décision et ont choisi de rester dans l’Eglise « orthodoxe ukrainienne » sous l’égide du patriarcat de Moscou, comme dans le passé. (Les chiffres exacts des paroisses ukrainiennes affiliées à l’Église orthodoxe d’Ukraine et à l’Église orthodoxe ukrainienne sont difficiles à déterminer)

Exprimant sa conviction que les parties belligérantes surmonteront leurs divisions et leurs désaccords, Kirill a appelé « l’ensemble tout entier de l’Église orthodoxe russe à offrir une prière spéciale et fervente pour le rétablissement rapide de la paix ». Au fondement de son propos, il a invoqué l’histoire commune séculaire des deux peuples.

Epiphanius, lui, a toutefois conclu son message au patriarche en notant que le calendrier de l’Église orthodoxe marque ce dimanche 27 février pour le souvenir du Jugement dernier.

Poutine a rehaussé le niveau d’alerte de ses forces nucléaires. Les alliés occidentaux de l’Ukraine non membre de l’OTAN ont renforcé leurs sanctions à l’encontre des principales banques et personnalités politiques russes, y compris Poutine. S’ils n’ont pas choisi l’option maximaliste consistant à couper complètement la Russie du système international SWIFT pour les transferts bancaires, beaucoup ont approuvé l’envoi d’une aide défensive supplémentaire à Kiev.

Pendant ce temps, onze séminaires protestants de l’Est de l’Europe — dont le Séminaire théologique de Kiev et le Séminaire évangélique réformé d’Ukraine — ont publié une déclaration commune sur Facebook, qui a été partagée par plus de 650 personnes.

« Nous sommes appelés à dire la vérité et à dénoncer la tromperie », déclarent-ils. « Nous […] condamnons fermement l’agression ouverte et injustifiée visant à détruire les institutions et l’indépendance de l’Ukraine et basée sur des mensonges flagrants » de Poutine « qui sont clairement contraires à la révélation de Dieu ». Ils écrivent encore :

Nous confessons le pouvoir réel et illimité de Dieu sur tous les pays et continents (Ps 24,1), ainsi que sur tous les rois et dirigeants (Pr 21.1) ; par conséquent, rien dans toute la création ne peut interférer avec l’accomplissement de la volonté bonne et parfaite de Dieu. Nous affirmons, avec les premiers chrétiens, que « Jésus est Seigneur », et non César.

Nous exprimons notre solidarité avec le peuple d’Ukraine. Nous partageons la douleur de ceux qui ont déjà perdu leurs proches. Nous prions pour que tous les plans de l’agresseur soient déjoués et mis à mal. Nous appelons toutes les personnes de bonne volonté dans le monde à résister aux mensonges et à la haine de l’agresseur. Nous appelons chacun à demander la cessation des hostilités et à exercer toute l’influence possible sur la Fédération de Russie afin de mettre un terme à cette agression injustifiée contre l’Ukraine.

Six de ces séminaires sont basés en Ukraine. Deux, restés anonymes, sont basés en Russie.

Quelques pasteurs russes se sont montrés encore plus audacieux.

Victor Sudakov, pasteur principal de la New Life Church à Ekaterinbourg, la quatrième plus grande ville de Russie, a changé sa photo de profil Facebook jeudi pour y intégrer un petit drapeau ukrainien. Samedi, il a changé sa photo de couverture pour afficher le drapeau et le tryzub, le trident doré des armoiries officielles de l’Ukraine.

L’action du pasteur pentecôtiste, qui fait partie de l’Union russe des chrétiens de foi évangélique-pentecôtiste (ROSKhVE), a suscité des centaines de commentaires. « Frère, j’ai toujours pensé et dit que tu étais un homme courageux », a déclaré l’un d’eux. « Ce que vous faites maintenant n’a pas de prix ! ».

Dimanche, Sudakov relayait une pétition sur le site Change.org destinée aux Russes qui s’opposent à la guerre en Ukraine. Plus de 960 000 personnes l’avaient signée dimanche soir.

Le 25, une déclaration officielle de ROSKhVE citait les Actes des Apôtres évoquant le fait que Dieu a fixé des limites à l’habitat des êtres humains (Ac 17.26). « Quelles qu’en soient les causes, la guerre est un mal terrible », peut-on y entendre. « Dieu nous a appelés à aimer [et] les valeurs premières ne devraient pas être les contours précis des frontières, mais les âmes humaines. »

Priant pour que la paix « soit rétablie aussi vite que possible », le communiqué appelait à jeûner « jusqu’à la résolution divine de ce conflit fratricide ».

Un peu comme Kirill, ROSKhVE met en avant l’unité séculaire entre les évangéliques russes et ukrainiens. De nombreux missionnaires envoyés par ces derniers, déclare le porte-parole, sont aujourd’hui pasteurs et évêques d’Églises. L’association espère que cette unité accélérera une réconciliation rapide.

« Je suis tellement désolé que mon pays ait attaqué son voisin », déclare Constantin Lysakov, pasteur de la Bible Church de Moscou. « Peu importe comment nous appelons cet événement, peu importe comment nous le justifions […] on ne peut pas nier sa responsabilité lorsque l’on se repent. Et nous devrions tous nous repentir de ce qui s’est passé. »

« Il n’y a qu’une seule source de réconfort dans tout cela pour moi », a-t-il écrit sur Facebook. « Le Christ est sur le trône, Dieu le Père tient tout entre ses mains, le Saint-Esprit remplit le cœur de ceux qui ont confiance en lui et rien ne peut triompher de sa puissance. Dieu accomplit les plus grandes œuvres de rédemption lorsque tout semble désespéré. […] Je prie pour la paix. »

Au début de la guerre, Evgueni Bakhmutsky tenait déjà le même discours.

« Mon âme est accablée, mon cœur est déchiré par l’horreur et la honte, et mon esprit est choqué par la folie humaine », déclarait le pasteur de la Russian Bible Church à Moscou. « Nous ne sommes pas des politiciens, nous sommes des enfants de Dieu. Nous ne sommes pas appelés à refaire la carte géopolitique du monde pour plaire à tel ou tel dirigeant. […] Que le monde voie que les enfants de Dieu s’aiment et s’acceptent les uns les autres, non pas à cause de leur langue [ou] de leur nationalité […], mais parce qu’ils ont été acceptés par le Christ. »

Un texte biblique souvent cité dans les Églises évangéliques russes le dimanche suivant le déclenchement de la guerre était le Psaume 2.1 : « Pourquoi les nations conspirent-elles et les peuples complotent-ils en vain ? »

D’autres Églises ont mis l’accent sur la solidarité et la prière.

Dimanche, dans toute la Russie, les quelque 700 églises des 26 unions protestantes qui composent la Communion panrusse des chrétiens évangéliques ont déclaré conjointement un temps de prière et de jeûne pour la paix, a déclaré Pavel Kolesnikov, ancien président de cette association et directeur régional pour l’Eurasie du Mouvement de Lausanne. « C’est notre manière d’agir », nous a-t-il déclaré.

Leur programme de prière comprend cinq points essentiels :

1) Pour la paix entre les peuples frères de Russie et d’Ukraine
2) Pour que les autorités et les dirigeants aient la crainte de Dieu, la force et la volonté de faire la paix.
3) Pour la sécurité du peuple ukrainien, ainsi que des chrétiens vivant en Ukraine dans les lieux de conflit armé
4) Pour l’Église, afin que Dieu la préserve des divisions et des conflits dans cette situation de tension.
5) Pour le discernement de la manière dont chaque association d’Églises peut répondre aux besoins des personnes touchées par la guerre

Dans sa propre Église, l’Église baptiste de Zelenograd à Moscou, Kolesnikov a demandé aux participants du service du matin de se donner la main — chaque homme, femme et enfant — pour prier pour la paix et la sagesse pour les gouvernements des deux pays. Son Église a également collecté des fournitures, comme le font de nombreuses Églises russes, pour aider les réfugiés ukrainiens dans les pays voisins.

« Ce n’est pas notre guerre », a-t-il déclaré. « Nous aimons nos frères et sœurs ukrainiens ».

S’associant au jeûne de dimanche, l’Union russe des baptistes chrétiens évangéliques a appelé les croyants à être des artisans de la paix.

« Bénis les nations agitées et envoie la paix, la repentance. Nous demandons ta miséricorde sur tous », a déclaré Sergey Zolotarevskiy, pasteur de l’Église baptiste centrale de Moscou, sans mentionner directement le conflit.

Oleg Alekseev, pasteur de la Source d’eau vive, la plus ancienne Église baptiste de Voronezh (en Russie centrale), a repris le Psaume 2 comme texte principal de son message.

« Les vraies victoires ne se produisent pas [sur les champs de bataille], et ce n’est pas là que prend naissance le bien », a-t-il dit. « Il prend naissance [dans l’Église], lorsque nous [prions] fidèlement pour les rois, les dirigeants et tous les peuples. »

Ruslan Nadyuk, pasteur de l'Église baptiste Parole pour l’âme à Moscou, a prêché que la réponse chrétienne appropriée à cette situation est celle de la prière incessante que le conflit soit résolu pacifiquement et selon la volonté de Dieu. Il s’est appuyé en ce sens sur Jacques 5.16 : « la prière du juste est puissante et efficace ».

Conditionnés par des décennies de persécution sous les tsars et les communistes, de nombreux croyants russes ont décidé que protester était au mieux inutile et au pire dangereux. Cela a eu pour effet d’approfondir leur vie de prière, déclare Andrey Shirin, professeur de théologie en Virginie, né en Russie, qui a étudié les sermons et les commentaires Facebook de pasteurs russes pour le compte de notre magazine.

« Lorsque des troubles apparaissent, les évangéliques russes n’en parlent pas beaucoup — en particulier lorsqu’ils sont de nature politique », explique Shirin. « Cependant, les évangéliques russes prient beaucoup. En fait, ils estiment que cette réponse est la plus puissante. »

Dans la même ligne, Bakhmutsky, le pasteur moscovite, déclarait sur Facebook, « ne vous empressez pas de juger les autres à travers le prisme de votre culture, de votre situation et de votre conscience. Ne pensez pas que la prière est quelque chose d’insignifiant ou d’inutile. Pour la plupart d’entre nous, c’est tout ce qui nous reste ».

Mais certains pasteurs ont été plus directs dans leurs commentaires.

Yuri Sipko, ancien président de la plus grande dénomination baptiste de Russie, a déclaré que les chrétiens devaient avant tout répondre par la prière. Jésus, cependant, pourrait répondre aux événements en Ukraine avec les mots de Jean 15.13 : « Il n’y a pas de plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis ». Pour les Ukrainiens, a-t-il dit, cela devrait être le principe directeur dans cette guerre.

Andrey Direenko a lui fait part de sa consternation. « La douleur, les larmes, les horreurs du sang versé déchirent nos cœurs », a déclaré l’évêque pentecôtiste de Iaroslavl, en Russie centrale. « Cela semble être un cauchemar, mais c’est l’horrible réalité ».

Et au milieu de cette réalité, des organisations chrétiennes ont répondu.

« Je demande à toutes les familles ayant des orphelins, ainsi qu’aux familles élevant des enfants handicapés et qui souhaitent se déplacer vers des zones plus sûres, d’écrire sous ce post », a déclaré Nicolai Kuleba, médiateur évangélique pour les enfants en Ukraine. « Laissez des commentaires, indiquez un numéro et nous vous contacterons ».

De nombreuses Églises en Ukraine fournissent des abris. Mais d’autres le font aussi à l’étranger. « Nous ne sommes qu’une petite Église, et notre capacité d’aide est donc limitée, peut-être à quelques dizaines de familles », a déclaré Péter Szabó, pasteur d’une Église presbytérienne à Budapest. « Mais notre plus grand espoir ne se trouve pas dans ce que nous pouvons ou allons faire, mais dans ce que notre Roi, le Seigneur Jésus-Christ, peut et va faire ».

Prêchant à partir d’Actes 13, il a rappelé que la vie chrétienne ne se résume pas aux échecs que nous pouvons connaître, mais que le « fil conducteur de la grâce de Dieu » donne au croyant un espoir certain pour l’avenir.

Ayant désespérément besoin d’une telle perspective, environ 78 000 réfugiés ont fui vers la Hongrie, affirme-t-il. Les Nations unies ont fait état d’une migration vers l’ouest totalisant 386 000 personnes, notamment en Pologne, en Slovaquie et dans d’autres pays limitrophes.

Des milliers d’Ukrainiens sont passés en Moldavie. À l’Église biblique de Kishinev, une congrégation non confessionnelle russophone de la capitale du pays, plusieurs familles de réfugiés ont assisté aux services pour la première fois dimanche matin.

L’Église et ses partenaires, des travailleurs dont les bureaux sont maintenant transformés en lieux d’hébergement, font la navette entre les réfugiés et les fournitures nécessaires depuis que la guerre a éclaté. Evghenii « Eugene » Solugubenco a été frappé par le sujet de prédication qu’il avait choisi plusieurs mois auparavant : la fidélité de Dieu.

« Ces mots ne signifient pas grand-chose pour nous lorsque nous allons manger l’après-midi après le culte. Mais quand vous êtes un réfugié, ils signifient beaucoup plus […] J’ai prié pour que Dieu étreigne ces gens et leur fasse savoir qu’il les aime parce qu’il est fidèle », a déclaré Solugubenco, qui a commencé son sermon avec Lamentations 3.23-24 : « [Ses compassions] se renouvellent chaque matin. Que ta fidélité est grande ! Je le déclare, l’Éternel est mon bien, c’est pourquoi je veux m’attendre à lui. »

« Les gens sont généralement assez réservés dans cette partie du monde », rapporte-t-il. « Ils ne viennent pas vers le pasteur après le culte. Mais aujourd’hui, ils l’ont fait. »

Et certains Ukrainiens voient l’action de Dieu.

« Les soldats et les officiers me disent qu’ils sont témoins de miracles venant d’en haut », rapporte Oleksiy Khyzhnyak, un pasteur pentecôtiste à Bucha, à 45 km au nord-ouest de Kiev, qui a été témoin des combats les plus violents de dimanche. « “Ces succès ne sont pas les nôtres”, m’ont-ils dit. »

Khyzhnyak a dit à Yuri Kulakevych, responsable des affaires étrangères pour l’Église pentecôtiste ukrainienne, que des roquettes s’écrasaient sans exploser et que des chars russes tombaient en panne de carburant. Les soldats, perdus dans des endroits inconnus, demandent aux villageois des indications et même du pain.

Une mission de distribution de pain parrainée par les Pays-Bas à Brovary, à 25 km à l’est de Kiev, a justement du mal à en fournir suffisamment. Elle approvisionne déjà le voisinage et les personnes déplacées de l’est du pays et espère pouvoir étendre ses activités aux hôpitaux et à l’armée ukrainienne.

Mais sous la pression du conflit, leur propre réservoir de main-d’œuvre se réduit et se dirige vers l’ouest. « Nous voudrions commencer à cuisiner 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à partir de lundi, mais pour l’instant nous n’avons pas assez de boulangers. »

Morrison peut comprendre. Son Église, Calvary Chapel, vient d’acheter 1,5 tonne de farine. Mais comme de nombreux pasteurs nous l’ont exprimé, la situation est épuisante. Les sirènes d’alarme aérienne constantes ne laissent guère de répit. Les besoins immenses permettent peu de repos.

« Ce matin, je me suis réveillé avec l’impression qu’un camion venait de me rouler dessus », décrit-il, « mais bien que nous nous sentions tous épuisés, nous allons de l’avant, en croyant que le Christ nous a placés ici pour ce moment. »

Reportage additionnel de Kate Shellnutt.

Traduit par Léo Lehmann

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