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Assister ou non à un mariage LGBTQ ? Un pasteur confronté à la polémique.

Une recommandation pastorale récemment prodiguée par le pasteur américain Alistair Begg lui vaut controverses et exclusions.
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Assister ou non à un mariage LGBTQ ? Un pasteur confronté à la polémique.
Image: Alistair Begg
Parkside Church/capture d’écran

Depuis quelques semaines, Alistair Begg, pasteur de l’église Parkside à Chagrin Falls (Ohio) et animateur de l’émission de radio Truth for Life, est pris dans ce qu’il appelle « une tempête dans un verre d’eau » après un conseil émis à propos du fait d’assister ou non à un mariage LGBTQ.

Ce conseil, a-t-il déclaré lors d’un de ses derniers sermons, se fondait sur le commandement de Jésus d’aimer même ceux avec qui nous sommes en désaccord ou que nous désapprouvons.

« Jésus a dit que vous étiez censés aimer vos ennemis », a déclaré Begg, s’appuyant sur une série de textes bibliques pour affirmer que les chrétiens doivent faire preuve de compassion — et non de jugement — à l’égard de ceux qui se sont égarés.

Par ces paroles, Begg répondait à la controverse suscitée par des commentaires qu’il avait donnés lors d’une interview promotionnelle pour un de ses livres devenue virale sur les réseaux sociaux. Dans cette interview, donnée à l’automne dernier, Begg racontait sa rencontre avec une grand-mère qui lui avait demandé si elle devait ou non assister au mariage de son petit-fils avec une personne transgenre. Le pasteur, bien qu’opposé au mariage entre personnes de même sexe, lui avait donné le conseil d’y aller et d’apporter un cadeau aux futurs mariés. Ce serait, selon lui, une manière de montrer son amour envers son petit-fils, même si elle n’approuvait pas ce mariage.

« Votre amour pour eux peut les prendre au dépourvu, alors que votre absence ne ferait que renforcer leurs préjugés vis-à-vis des chrétiens, vus comme pleins de jugements, critiques, et incapables de supporter quoi que ce soit », expliquait le pasteur évangélique. Pour lui, les chrétiens devraient être prêts à prendre des risques pour témoigner de l’amour à ceux qui les entourent.

Les commentaires de Begg ont déclenché une tempête parmi bon nombre de ses fans et partisans, en particulier dans les communautés conservatrices calvinistes et d’autres communautés évangéliques. Selon le Public Religion Research Institute (PPRI), les évangéliques blancs restent l’un des groupes religieux les plus réticents envers le mariage homosexuel aux États-Unis.

Selon le PRRI, 38 % des évangéliques blancs se disent favorables au mariage homosexuel. En revanche, 87 % des sans-religion, 81 % des juifs, 77 % des bouddhistes, 77 % des protestants traditionnels blancs et 75 % des catholiques approuveraient le mariage entre personnes du même sexe.

Alistair Begg devait prendre la parole en mars à l’importante Shepherds Conference qui rassemble de nombreux pasteurs évangéliques réformés sous la houlette du pasteur et auteur californien John MacArthur. Une fois les commentaires de Begg rendus publics, MacArthur et lui en auraient discuté et estimé que la controverse constituerait « une distraction inutile », selon un porte-parole de Grace to You, l’un des sponsors de la conférence.

« Le conseil du pasteur MacArthur sur cette question aurait été complètement différent de celui qu’Alistair Begg dit avoir donné à la grand-mère qui s’interrogeait », a expliqué Phil Johnson, directeur exécutif de Grace to You, dans un email à Religion News Service. « Les deux parties ont donc convenu qu’il était nécessaire que le pasteur Begg se retire ».

Peu après que toute cette polémique soit devenue virale, American Family Radio, un réseau de radiodiffusion évangélique, abandonnait l’émission Truthfor Life, basée sur les sermons de Begg.

Ont également suivi une série d’articles rédigés par d’autres responsables évangéliques pour affirmer que les chrétiens ne devraient pas assister aux mariages LGBTQ. « Après tout, le fait d’assister à un mariage pour montrer son “amour” ou pour éviter d’offenser l’autre est une forme de bénédiction, mais qui reste cachée », écrit Carl Trueman, professeur d’études bibliques et religieuses au Grove City College, pour la publication catholique First Things.

Tim Wildmon, président de l’American Family Association, de son côté, a animé une émission spéciale expliquant pourquoi le groupe s’est distancié de Begg. L’AFA avait reçu des plaintes suite à cette émission et avait pris contact avec le pasteur, diffusé depuis plus d’une décennie.

« L’objectif de cet appel était la réconciliation, mais la réconciliation dans la vérité », déclare Walker Wildmon, un vice-président de l’AFA qui compare le conseil de Begg à celui d’un père proposant de conduire son enfant alcoolique dans un bar. Begg a selon lui refusé de revenir sur ses propos.

Un membre du personnel de l'église Parkside a déclaré à Religion News Service que Begg n'avait aucun commentaire à faire sur son retrait d'American Family Radio.

Begg, originaire d’Écosse et vivant aux États-Unis depuis quarante ans, enseigne depuis longtemps que les relations sexuelles en dehors du mariage, qui, pour lui, doit être conclu entre un homme et une femme, sont répréhensibles. Il est donc fort surpris de la controverse suscitée par ses commentaires et des accusations selon lesquelles il aurait abandonné l’enseignement chrétien.

« Maintenant, on peut ne pas être d’accord sur le fait que j’aie donné de bons conseils ou non à cette grand-mère. », précise-t-il. « Il y a des membres de l’équipe pastorale de mon église qui ne pensent pas que j’ai donné là de très bons conseils. »

Durant le sermon ensuite consacré à cette question, Begg s’est appuyé sur la parabole du fils prodigue qui souligne le pardon plutôt que le jugement, et la parabole du bon Samaritain, qui met en avant la compassion plutôt que les prétentions à la sainteté. Ces deux histoires, dit-il, montrent la puissance de la grâce de Dieu.

Begg s’est également inspiré de l’histoire racontée par Jésus d’un berger qui avait 100 brebis et qui, en ayant perdu une, avait laissé les 99 autres derrière lui pour retrouver celle qui s’était perdue.

« De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de changer d’attitude », déclare Jésus dans Luc 15.7.

Begg a mis en garde sa communauté contre les chrétiens qui ne semblent pas disposés à faire preuve de grâce ou de pardon envers les autres et contre des pasteurs avides de condamner haut et fort les pécheurs. Le pasteur a expliqué qu’il portait son « chapeau de grand-père » lorsqu’il a donné son conseil à cette grand-mère avec l’espoir qu’elle puisse témoigner de l’amour de Dieu envers son petit-fils.

« Je ne pensais qu’à une chose : comment aider cette grand-mère ? », dit Begg, précisant qu’il ne voulait pas qu’elle perde son petit-fils.

Dans des circonstances différentes et à une personne différente, a-t-il ajouté, il aurait peut-être prodigué un conseil différent. Mais il n’a pas l’intention de se repentir de ses conseils, quoi qu’il arrive sur les réseaux sociaux.

Begg, en définitive, se dit heureux que ce soient les conseils qu’il avait donnés à cette grand-mère qui soient devenus viraux, plutôt d’autres de ses sermons concernant la sexualité.

« Parce que si je dois trébucher d’un côté ou de l’autre, je trébucherai de ce côté-là », a-t-il souligné. « Je trébucherai du côté de la compassion. »

Traduit par Anne Haumont

[ This article is also available in English and español. See all of our French (Français) coverage. ]

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