Politiciens et activistes en tous genres se bagarrent à propos des termes à employer. Certains ont diabolisé tous les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie : Ce sont tous des terroristes ou des sympathisants de terroristes. Il n’y a pas d’innocents. Ils ne méritent pas de vivre. D’autres méprisent la douleur israélienne après les attaques indéfendables du 7 octobre par le Hamas : Ils sont coupables d’apartheid, de nettoyage ethnique, de génocide. Ils ont eu ce qu’ils méritaient. Le plus grand nombre parle de la guerre comme d’un chemin vers la tranquillité et la sécurité : C’est de la légitime défense. C’est de la résistance. C’est notre droit.

L’enjeu politique de ce débat est clair : le vocabulaire que nous utilisons détermine ce qui est politiquement envisageable. Mais il façonne aussi notre éthique, et certains propos nous enferment dans une vision éthique qui justifie la guerre et l’effusion de sang. Il ne s’agit pas d’une éthique chrétienne, mais trop d’églises se laissent aller à reprendre ce vocabulaire au lieu d’offrir une vision prophétique soutenant la paix et d’adopter une position contre-culturelle qui soit distinctement à l’image de Christ.

Pendant ce temps, la violence règne. Des gens souffrent et sont tués. Et nous allons célébrer Noël. Nous allons porter nos yeux sur l’incarnation d’une l’humanité parfaite en l’Enfant Jésus. Pourrons-nous également l’honorer et le servir en tant que Prince de la paix ?

Les Palestiniens et les Israéliens ont besoin d’un appel à la paix pour faire taire les tambours de la guerre. Près de 14 millions de personnes vivent entre le Jourdain et la mer Méditerranée. Environ la moitié sont des Palestiniens, y compris des citoyens israéliens palestiniens, et l’autre moitié sont des Juifs.

La guerre ne résoudra pas notre conflit. Nous avons mené de nombreuses guerres, mais les résultats sont toujours les mêmes : la paix disparaît des deux côtés. Personne ne gagne vraiment. Nous perdons nos jeunes hommes et femmes, nos enfants, notre dignité, voire notre humanité. Les guerres ne guériront pas notre terre, nos âmes ou nos souffrances. Tuer notre voisin ne résoudra pas nos problèmes.

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Nous avons besoin du courage de la paix. Nous avons besoin d’une paix qui permette aux Palestiniens et aux Juifs de vivre ensemble dans l’égalité et la justice. Nous avons besoin d’une paix qui surmonte les différences ethniques. Nous avons besoin de la paix de Jésus-Christ, de la vision d’un royaume dans lequel celui qui a « détruit la haine » est lui-même notre paix (Ep 2.14-16).

En cette période de Noël, nous nous souvenons notamment de cette facette de la personne de Christ. La naissance du Prince de la paix nous rappelle une vérité plus profonde que ce que nous lisons dans les journaux. Nous trouvons auprès des mages une sagesse que les institutions politiques n’ont pas (Mt 2.1-12). Nous recherchons la paix non seulement entre Dieu et l’humanité, mais aussi entre Israéliens et Palestiniens.

Il n’y a là rien de facile. Cette voie nécessite un pardon difficile (Mt 18.21-35), l’amour des uns pour les autres, y compris pour l’ennemi (Mt 5.43-48), l’enseignement de la piété (2 P 1.5-7) et la promotion missionnelle de la justice (Es 1.17). Le Christ lui-même, qui « a pu rendre impuissant celui qui exerçait le pouvoir de la mort » (Hé 2.14) est l’incarnation de cette vision. Nous avons en sa vie une leçon que nous devrons toujours à nouveau étudier (1 P 2.21, Jn 13.12-15).

Sans cette paix véritable, nous n’aurons qu’une fausse sécurité, voire la guerre éternelle. Des milliers de personnes ont déjà été tuées. Des centaines de milliers sont déplacées. Beaucoup sont trompés et croient que tuer est la seule réponse aux maux et aux injustices dont nous sommes témoins. C’est un mensonge satanique !

La sécurité des Israéliens est indissociable de celle des Palestiniens et vice versa. Nous vivons dans le même pays ! Nous sommes un don de Dieu les uns pour les autres, mais malheureusement, nous sommes devenus une source de souffrance les uns pour les autres.

Ce n’est pas la vision de Dieu pour nous. Nous devons nous repentir, cesser de nous entretuer et construire un avenir dans lequel nous nous honorons les uns les autres. La vision de Dieu est la vie et non la mort, l’amour et non la haine, la miséricorde et non la cruauté, l’égalité et non l’injustice. Il aura pitié du faible et du pauvre, et il sauvera la vie des pauvres », dit le Psaume 72. « Il les rachètera de l’oppression et de la violence, et leur sang aura de la valeur à ses yeux. » (v. 13-14)

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L’Église mondiale doit elle aussi apprendre cette leçon de la paix du Christ. Elle doit rappeler l’importance de la vie des Palestiniens comme des Israéliens. Elle doit affirmer l’amour et la miséricorde de Dieu pour les deux peuples. Elle doit offrir un espoir aux Palestiniens et aux Israéliens — pas un espoir bon marché qui contourne le pardon et la justice ni un espoir politique enraciné dans la guerre, les tueries, la haine et la vengeance.

Nous célébrons maintenant Noël. Comment incarnerons-nous le Prince de la paix pour les Palestiniens et les Israéliens ?

Je suggère que nous appelions à un cessez-le-feu. Nous servons tous ceux qui souffrent. Nous prions pour une solution à long terme qui permette aux Palestiniens et aux Israéliens de vivre ensemble dans la paix. Nous voulons appuyer le peuple de Dieu dans ce pays — juifs messianiques comme palestiniens chrétiens — pour garder la foi et suivre le Christ qui nous a appris à aimer nos ennemis, à pardonner à nos assassins et à instaurer un royaume nouveau marqué par « la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit » (Rm 14.17).

Voilà un appel de Noël. Que Dieu ait pitié de nous tous.

Yohanna Katanacho est actuellement doyen académique au Nazareth Evangelical College et professeur invité au Regent College à Vancouver. Palestinien israélien évangélique, il a étudié à l’université de Bethléem (BS), au Wheaton College (MA) et à la Trinity Evangelical Divinity School (MDiv, PhD). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Praying Through the Psalms et Reading the Gospel of John through Palestinian Eyes.

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