La plupart des mercredis matins à l’université Asbury, dans la petite ville de Wilmore au Kentucky, sont comme tous les autres. Quelques minutes avant 10 heures, les étudiants commencent à se rassembler dans l’auditorium Hughes pour un temps de culte. Les étudiants sont tenus d’assister à un certain nombre de ces moments de « chapelle » chaque semestre. Ils ont donc tendance à s’y rendre par habitude.

Mais le 8 février dernier, les choses ont été différentes. Après la bénédiction finale, le chœur gospel a commencé à chanter un dernier refrain, et il s’est alors produit quelque chose qui défie toute description. Les étudiants ne sont pas partis. Ils ont été saisis par ce qui semblait être un sentiment de transcendance tranquille mais puissante, et ils ne voulaient pas partir. Ils sont restés et ont continué à célébrer. Après plusieurs jours, ils étaient toujours là.

J’enseigne la théologie de l’autre côté de la rue, au Asbury Theological Seminary, et lorsque j’ai appris ce qui se passait, j’ai immédiatement décidé de me rendre à la chapelle pour voir par moi-même. Quand je suis arrivé, j’ai vu des centaines d’étudiants qui chantaient paisiblement. Ils louaient et priaient sincèrement pour eux-mêmes, leurs voisins et notre monde, exprimant repentance et contrition pour le péché et intercédant pour la guérison, la plénitude, la paix et la justice.

Certains lisaient et récitaient les Écritures. D’autres étaient debout, les bras levés. Plusieurs d’entre eux étaient regroupés en petits groupes qui priaient ensemble. Quelques-uns étaient agenouillés contre la clôture de l’autel à l’avant de l’auditorium. Certains étaient prostrés, tandis que d’autres parlaient entre eux, le visage rayonnant de joie.

Ils étaient encore en train d’adorer quand je suis parti le mercredi en fin d’après-midi et quand je suis revenu le soir. Ils étaient encore en prière lorsque je suis arrivé tôt le jeudi matin, et en milieu de matinée, des centaines de personnes remplissaient à nouveau l’auditorium. J’ai vu de nombreux étudiants se presser vers la chapelle.

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Le jeudi soir, il n’y avait plus que des places debout. Des étudiants avaient commencé à arriver d’autres universités : l’université du Kentucky, l’université des Cumberlands, l’université Purdue, l’université wesleyenne d’Indiana, l’université chrétienne d’Ohio, l’université Transylvania, l’université Midway, l’université Lee, le Georgetown College, l’université nazaréenne Mt Vernon, et bien d’autres.

Le culte s’est poursuivi toute la journée du vendredi et même toute la nuit. Le samedi matin, j’ai eu du mal à trouver un siège ; le soir, le bâtiment était plein à craquer. Chaque nuit, des étudiants et d’autres personnes sont restés dans la chapelle pour prier toute la nuit. Et le dimanche soir, la dynamique ne montrait aucun signe de ralentissement.

Certains appellent cela un réveil, et je sais que, dans notre contexte américain ces dernières années, ce terme a été associé à certaines formes d’activisme politique et au nationalisme chrétien. Pour que je sois clair : personne à Asbury n’a ce type d’orientation en vue.

Mon collègue Steve Seamands, un théologien retraité du séminaire, m’a dit que ce qui se passe ressemble au célèbre réveil d’Asbury de 1970 qu’il a connu lorsqu’il était étudiant. Ce réveil avait entraîné la fermeture des classes pendant une semaine, puis s’était poursuivi pendant deux semaines supplémentaires avec des rassemblements nocturnes. Des centaines d’étudiants étaient partis pour partager ce qui s’était passé avec d’autres écoles.

Mais ce que beaucoup ne réalisent pas, c’est qu’Asbury a une histoire encore plus riche et ancienne en matière de réveils. L’un d’entre eux remonte à 1905 et un autre, plus récent, à 2006, lorsqu’un culte organisé par des étudiants a donné lieu à quatre jours de célébration, de prière et de louange continues.

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Beaucoup de gens racontent qu’ils ne se rendent même pas compte du temps qui s’écoule pendant qu’ils sont là. C’est pour eux presque comme si le temps et l’éternité se confondaient, alors que le ciel et la terre se rencontrent. Toute personne qui en a été témoin pourra convenir que quelque chose d’inhabituel et d’imprévu est en train de se produire.

En tant que théologien analytique, je me méfie du battage médiatique et de la manipulation. Mon arrière-plan est celui d’un segment particulièrement revivaliste de la tradition méthodiste de sainteté, où j’ai vu des efforts pour fabriquer des « réveils » ou des « mouvements de l’Esprit » qui étaient parfois non seulement creux, mais aussi nuisibles. Je ne veux rien avoir à faire avec ça.

Et à vrai dire, ce qui se passe n’a rien à voir avec ça. Il n’y a pas de pression ni de battage médiatique. Il n’y a pas de manipulation. Il n’y a pas de ferveur émotionnelle aiguë.

Au contraire, l’événement a été jusqu’à présent plutôt calme et serein. Le mélange d’espoir, de joie et de paix qui se manifeste est indescriptiblement fort, presque palpable même — un sentiment vif et incroyablement saisissant de shalom. L’action du Saint-Esprit est indéniablement puissante, mais aussi pleine de douceur.

Une foule de près de 1 500 personnes s’était rassemblée à l’auditorium Hughes sur le campus de l’université Asbury le 10 février.
Image: Alex Griffith/Avec l’aimable autorisation de Baptist Press

Une foule de près de 1 500 personnes s’était rassemblée à l’auditorium Hughes sur le campus de l’université Asbury le 10 février.

Le saint amour du Dieu trinitaire est manifeste, et il y a en lui une douceur inexprimable et une force d’attraction profonde. On comprend immédiatement pourquoi personne ne veut partir et pourquoi ceux qui doivent partir veulent revenir dès qu’ils le peuvent.

Dieu peut agir de manière mystérieuse ; Jésus nous dit que l’Esprit souffle où il veut (Jn 3.8). Et parfois, Dieu fait ce que Jonathan Edwards appelait une « œuvre surprenante » et ce que John Wesley désignait comme un ministère « extraordinaire ».

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Je crois fermement qu’une large part de ce qui est vital pour la vie chrétienne se produit dans la vie de tous les jours — dans les disciplines et les liturgies quotidiennes, qu’elles soient formelles ou informelles, dans les décisions répétées de marcher dans la droiture, dans les actes d’amour sacrificiel envers le prochain, dans les prières murmurées au creux de nos désespoirs silencieux.

Je sais que ces actes « extraordinaires » de Dieu ne remplacent pas le ministère « ordinaire » du Saint-Esprit par la Parole et les sacrements. De même, les œuvres « surprenantes » de Dieu ne remplacent pas le long cheminement du discipulat. Si c’était le cas, comme me le rappelle mon collègue Jason Vickers, nous serions dépendants de ce genre d’expérience — plutôt que de l’Esprit saint qui donne gracieusement ces expériences — pour nous soutenir.

Mais je crois aussi que nous devons être prêts à reconnaître et à célébrer ces rencontres étonnantes avec le Saint-Esprit. Notre Seigneur promet que ceux qui « ont faim et soif de justice » seront rassasiés. Il a promis qu’il enverrait « un autre Consolateur ». Il a même dit qu’il serait préférable qu’il s’en aille et envoie son Esprit.

Et tous ceux qui ont passé du temps dans l’auditorium Hughes d’Asbury ces derniers jours peuvent témoigner que ce Consolateur promis est présent et puissant. Je ne peux pas analyser — ni même décrire adéquatement — tout ce qui se passe, mais il ne fait aucun doute pour moi que Dieu est présent et agissant.

Plusieurs étudiants actuels et anciens élèves m’ont dit qu’ils priaient ensemble depuis plusieurs années pour que Dieu se manifeste, et qu’ils étaient ravis au-delà des mots de voir ce qui se passait.

J’enseigne un cours d’anthropologie théologique à l’université ce semestre, et lors de notre rencontre du vendredi 10 février, j’ai rappelé à mes étudiants que nous sommes des créatures faites pour l’adoration et la communion avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit. C’est notre telos, la fin pour laquelle nous avons été créés. Nous ne sommes jamais plus vivants et entiers que lorsque nous adorons. Et ce que nous vivons maintenant — ce sentiment inexprimable de paix, de plénitude, de sainteté, d’appartenance réciproque et d’amour — n’est qu’une toute petite fenêtre sur la vie pour laquelle nous sommes faits.

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Il est clair qu’il ne s’agit pas de la vision béatifique du Christ dans toute sa gloire, mais si ce que nous voyons est ne serait-ce que l’ombre la plus ténue de cette réalité, alors ce qui nous attend est une joie et un amour véritablement indicibles.

Ella Blacey et Lauren Powell prient pendant un service de culte à l’université Asbury.
Image: Avec l’aimable autorisation de Baptist Press

Ella Blacey et Lauren Powell prient pendant un service de culte à l’université Asbury.

J’ai également rappelé à mes élèves que nous avons été créés pour adorer Dieu ensemble, dans l’unité et en communion les uns avec les autres. Ainsi, le culte que nous vivons dans notre chapelle doit avoir des implications réelles pour notre communion en dehors de celle-ci. C’est d’autant plus important que nous travaillons actuellement sur des enjeux délicats concernant les questions raciales et ethniques.

Les réveils précédents ont toujours porté des fruits qui ont béni à la fois l’Église et la société. Pour exemple, même les historiens non croyants reconnaissent que le second Grand Réveil a joué un rôle essentiel dans la fin de l’esclavage aux États-Unis. Je suis impatient de voir les fruits que Dieu fera germer d’un tel réveil dans notre génération.

Le vendredi midi après le début de tout cela, mon fils Josiah m’a retrouvé et m’a dit que lui et ses amis s’étaient agenouillés devant l’autel et avaient prié ensemble. Il y avait quatre personnes dans son groupe, et elles priaient chacune dans une langue différente. Il m’a demandé plus tard : « Est-ce que c’est quelque chose comme ce que sera le paradis ? » Je lui ai dit que je pensais que oui, bien que ce ne soit encore que le plus faible reflet de ce que « aucun œil n’a vu, aucune oreille n’a entendu ». C’est comme si un petit coin de paradis nous avait rejoints ici sur terre.

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L’Évangile n’est pas seulement vrai, mais aussi lumineusement merveilleux et mystérieusement beau. Chaque fois que je quitte l’auditorium de la chapelle ces derniers jours, j’ai le sentiment d’avoir goûté et vu que le Seigneur est bon.

Thomas H. McCall est professeur de théologie (chaire Timothy C. et Julie M. Tennent) au Asbury Theological Seminary à Wilmore, Kentucky.

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